Dans le tumulte de l’histoire, certaines nations semblent vouées à répéter un cycle implacable : un système politique se forge, se consolide, puis, imperceptiblement, génère les conditions de son propre effondrement. La Tunisie, berceau des civilisations et carrefour de la Méditerranée, n’échappe pas à cette implacable dynamique. Au cœur de cette mécanique, se dessinent trois problématiques cruciales, autant de failles qui, comme le démontre le chercheur Dimitry Orlov, auto-génèrent les conditions de l’effondrement du système politico socioéconomique en place.
La seule bonne nouvelle est que le système en place a passé en 2015, le point de non-retour et ne pourra pas survivre. Nous devons prendre notre destin en main, car sinon, un nouveau système émergera des cendres de l’ancien, toujours loin des intérêts du peuple et de la nation, comme avec l’effondrement du système de Ben Ali, remplacé par un système post révolution islamo néolibéral, pire que le précédent.
Les trois problématiques clés du système politique en Tunisie
Compétence : Une organisation politique qui empêche l’émergence de compétences patriotiques capables de remettre en question le système actuel défaillant. Depuis la révolution, la scène politique est un huis clos dominé par les mêmes clans et les mêmes cercles. La pseudo-démocratie en vigueur est un jeu de chaises musicales soutenu par un système politico-économique déconnecté de la conscience collective du peuple. Ce dernier aspire à un leader « responsable », une vision d’avenir, des résultats immédiats, mais également à des coupables et à des sanctions exemplaires.
Vision : La majorité des débats sont centrés sur des sujets de politique politicienne, et depuis 2011, personne n’a pu présenter une vision concrète et chiffrée du futur de la nation, accompagnée d’un ensemble de mesures pour sa concrétisation. Cette absence de vision est cohérente et assumée : le système en place, anachronique et déraciné, n’a pas besoin de vision pour survivre. Il est maintenu par une économie informelle contrôlée par des mafias, une économie de rente et de monopole qui paralyse les secteurs les plus profitables, une économie offshore injuste et destructrice des équilibres nationaux, et une économie rurale en déficit, fondée sur des prix irréalistes imposés par l’État, doublée de l’exploitation organisée des plus vulnérables, y compris les femmes. L’économie industrielle et de services est semi-libérale, axée sur la basse rémunération, participant à un esclavage moderne des citoyens les plus précaires, notamment les femmes de ménage, les concierges ou les barbecha. Ce système n’a pas besoin de vision pour survivre et combattra jusqu’au bout, ceux qui osent en proposer une !
Méthode : Au-delà de l’absence de vision, aucun gouvernement ni parti n’a su proposer une méthode de transformation pour notre pays, que ce soit dans l’administration, les entreprises publiques, l’économie ou les services régaliens. Chaque ministre arrivant improvise et instaure ses propres méthodes sans aucune concertation ou vision d’ensemble pour un véritable processus de transformation structurée, incluant le dialogue national, l’intelligence collective, l’amélioration continue et la démocratie participative. Le pays est ainsi l’otage de décisions dictatoriales d’une administration centrale à la fois subordonnée et débordée par les défis nationaux et les attentes des citoyens.
Face à ces trois problématiques cruciales, nous sommes appelés à l’action. Nous ne pouvons plus nous permettre de rester passifs devant le statu quo en place. Il est temps de nous lever, de défier ce système et d’exiger un changement radical.
Nous devons être les architectes de notre propre destin, en mettant en œuvre des contre-mesures audacieuses et novatrices. C’est là tout le sens de notre Fondation INTILAQ 2050 et notre engagement envers notre nation, envers nos concitoyens et envers les générations futures.
L’heure est venue de prendre notre destin en main et de forger un avenir meilleur pour nos enfants et notre nation.
