Notre principal défi : éviter le piège néolibéral destructeur

Un nouveau 18 Juin passé inaperçu

Il est impossible de comprendre ce qui se passe en Tunisie depuis 2011 sans comprendre le monde qui nous entoure : Le dernier G8 de Barack Obama le 18 juin 2012  a acté l’obligation de mettre fin au système néolibéral mis en place dans les années 70 en constatant officiellement que (je cite ) : « celui-ci avait créé une classe restreinte de supers riches qui s’est accaparé les richesses de la planète, était en train de détruire la classe moyenne mondiale, créer des pauvres encore plus pauvres, était en train de détruire la planète et les écosystèmes et qu’il ouvrait la voie à des guerres de plus en plus destructrices et confiscatoires de richesse ».

Ce système néolibéral ne fonctionne plus (il n’a jamais réellement fonctionné en réalité) et génère des mécaniques folles et incontrôlables, comme la financiarisation de la planète, le réchauffement climatique, l’extinction du vivant, la pollution, les multinationales qui ne contrôlent plus rien, l’ingérence généralisée à travers des mégas lobbies internationaux plus riches que les états, la destruction des nations et des souverainetés, des cultures et des identités, la massification de la traite humaine, de la prostitution et de la pédo-criminalité de réseau, la massification de la criminalité et du terrorisme international.

Aujourd’hui 2 153 milliardaires se partagent désormais plus d’argent que 4,6 milliards de personnes réunies soit plus de 60% de la population mondiale et sur ces 2153 milliardaires il y a 26 tops milliardaires qui à eux seuls sont plus riches que 50% de la population mondiale.

En France les 10% les plus riches s’accaparent 50% de la richesse et en Russie 100 oligarques détiennent plus de 40% de la richesse privée du pays. Je ne vous parle même pas du moyen orient ou de la chine !

  • 85 % des flux agroalimentaires dans le monde sont réalisés par 8 grands groupes
  • 60 % des grands médias (hors chine & Inde) dans le monde sont détenus par 5 grands groupes
  • Idem pour les laboratoires, les grandes industries, l’automobile, l’énergie ou même le tourisme

Le vrai pouvoir

Notre PIB est de 40 milliards de dollars par an, La société Black Rock qui gère une partie de cette fortune mondiale réalise à elle seule, 16 000 milliards de dollars de transactions financières PAR JOUR.  (C’est un fond de fonds qui gère la plupart des grandes fortunes de la planète mais aussi la plupart des fonds souverains).

On présente souvent les forces d’ingérences pour notre pays selon le clivage « Europe » « USA » « Moyen orient » « Turquie » : Black Rock gère depuis plus de 15 ans les fonds du moyen orient, les obligations Turques et représente avec 24 autres groupes financiers la plus grosse force financière d’influence dans le monde.

La libéralisation de l’économie et des services publics dans les pays émergents apparait sur les rapports de ces fonds depuis 2007 comme un axe de développement majeur avec une volonté affichée de conquête sur toute l’Amérique du Sud, l’Asie du Sud Est et l’Afrique, Maghreb compris. Nous sommes en présence de la représentation la plus aboutie du « pouvoir absolu » terrestre de tous les temps. Voilà ce que le dernier G8 d’Obama appelle le capitalisme destructeur et confiscatoire.  Cette prise de conscience du G8, bizarrement passée sous silence par les grands médias a quand même pu donner l’impulsion et de la légitimité à de « nouvelles » approches de société : le fameux monde d’après 2008 qui n’a pour le moment vu le jour que dans l’esprit de rêveurs, comme nous, qui heureusement sont de plus en plus nombreux même en Tunisie.

Une analyse rapide des publications montre que la plupart des analystes ont en tête les mêmes défis de transformation :  libéralisation de l’économie (sans forcément définir le mot libéralisation), lutte contre la corruption, transformation de l’administration, modernisation, digitalisation, lutte contre la pauvreté, innovation, etc.

Tous ces sujets sont biensur pertinents, majeurs et prioritaires mais ne sont pas des objectifs stratégiques de société. Ce sont des objectifs opérationnels qui ne définissent que partiellement ou pas du tout le monde dans lequel nous allons vivre.  Ces objectifs opérationnels peuvent être portés par des sociétés totalement différentes : la Chine, la Suède, les USA, le Rwanda, le Chili ou la France portent ces mêmes objectifs opérationnels et ce sont bien des sociétés qui n’ont strictement rien à voir entre elles.  

Des pays occidentaux vendus aux enchères

En France, que beaucoup nous montrent en modèle, Il y a aujourd’hui pratiquement 10 millions de personnes qui vivent avec moins de 1000 euros par mois. En moins de 30 ans celle-ci a perdu ses exploitations familiales françaises, remplacées par des méga exploitations d’agriculture intensive étrangère pour la plupart. Toute l’industrie a été délocalisée ou a disparu, et les PME/PMI sont sinistrées et surendettées. Les 10% les plus riches se sont accaparé 50% de la richesse Française en moins de 20 ans. Nous qui parlons de monopole en Tunisie, même notre système actuellement défaillant demeure plus équitable.

Les villes ont perdu tous leurs petits commerces pour être remplacés par des hypermarchés inhumains, qui exercent de véritables dictatures sur des centaines de secteurs, obligeant les producteurs à vendre à perte.  Les centres villes sont aussi devenus uniformes et standardisés ne proposant plus que des enchainements des mêmes enseignes : Toutes les spécificités locale et nationales ont disparu à jamais.

En France et ailleurs, la privatisation des services publics et des entreprises stratégiques provoque deux phénomènes : une hausse massive des tarifs pour le citoyen et une fermeture de ces services hors des grandes villes pour cause de « non rentabilité ». L’Inde a voulu privatiser sa gestion de l’eau, aucune des promesses de cette libéralisation n’a été tenue, le prix de l’eau à doublé en ville, a été multiplié de 10 et jusqu’à 100 fois dans les régions et les montagnes, avec une qualité dégradée et une plus grande exclusion des populations. Les privatisations ont provoqué les plus grands scandales de corruption de l’Histoire indienne. Le phénomène est le même en Angleterre où la privatisation a provoqué des désastres sur le système de santé, l’énergie ou les transports avec des morts à la clé pour les chemins de fer ! pratiquement 200 déraillements de train aux USA sur les réseaux de transports privés en moins de 15 ans.

Nous considérons que La Grèce, l’ex Yougoslavie ou l’Ukraine sont aujourd’hui les 3 plus grandes zones de pillages économiques occidentales d’après-guerre, équivalents aux pillages du moyen âge ou de la colonisation. Ces pays ont subi la vente massive des terres cultivables, des industries, des banques et des services publics, des ports, des aéroports, des iles. Tous ces biens ont été vendus pour des sommes ridicules au regard des potentiels.  Toutes ces richesses ont été accaparées par plusieurs centaines d’entreprises certes mais dont les principaux actionnaires représentent moins de 100 personnes. Oui 100 personnes ont acheté l’essentiel des richesses de 3 pays sous les applaudissements de l’union européenne qui ensuite vient à Tunis nous donner des leçons sur les monopoles !

Tous les principaux organes de décisions du monde sont aujourd’hui « infiltrés » par les monstres de la finance, la BCE, l’OMS, l’OMC, l’Union Européenne, le FMI, la Banque Mondiale, les Nations Unies, tous ces organismes emploient des ex de « Goldman Sax », « JP Morgan », « Black Rock » sans que cela ne pose le moindre problème de conflit d’intérêts aussi bien aux gouvernants qu’aux nations.

Devinez à qui a été confié la définition et le pilotage de la stratégie de la transition écologique et énergétique de l’union européenne ? « Black Rock » qui en même temps investit massivement dans ces secteurs. Le plus gros délit d’initié de l’Histoire. Même Al Capone n’aurait pas osé !  Evidement toutes ces belles instances sont présentes en Tunisie et conditionnent toutes nos politiques publiques dont la transition écologique et énergétique ! ce n’est pas merveilleux la démocratie occidentale ?

Notre principal défi de civilisation

Le principal défi de transformation auquel nous aurons à faire face sera de construire une nation réellement souveraine permettant de lutter contre des forces qui déjà, veulent nous imposer des choix, qui n’ont aucun sens pour le bien commun, pour le citoyen et pour les intérêts de notre pays.

Il suffit de regarder notre agriculture où nous avons remplacé notre blé Tunisien par des semences étrangères alors que notre blé est plus résistant à la chaleur, consomme 2 fois moins d’eau et contient 5 fois plus de protéines. Toutes nos semences locales ont été retirées progressivement de la liste des semences autorisées. L’un de nos plus grands ingénieurs agronomes a dénoncé cette pratique et a voulu créer une banque dédiée à la sauvegarde de nos semences locales historiques : Pression des semenciers étrangers et ….  10 ans de prison pour ce héros de la nation sous prétexte de terrorisme.

Les discussions en cours sur la STEG (électricité et gaz), la SONEDE (l’eau), TUNIS-AIR, l’agriculture, les logiciels de l’état qui n’utilisent déjà plus l’open source, la pression pour l’implantation généralisée des hypermarchés montrent que les loups sont déjà là. 30% des bâtiments et travaux de l’état Tunisien sont aujourd’hui réalisés par des entreprises qui ne sont même pas sur le territoire (moins de 05% sous le régime de Ben Ali), ces marchés accentuent l’exportation de devises et notre déficit extérieur pour une qualité qui n’est pas au RDV, ces chantiers cumulent TOUS des retards et des malfaçons sans recours possible. Notre secteur du bâtiment (BTP) emploie 520 000 personnes et n’a aucune chance de se développer et de monter en compétence sans ces chantiers de l’état.

L’oligarchie financière mondiale est en train d’imposer au monde et à la Tunisie le modèle dit « Supply and Demand » (S&D). Ce modèle est pertinent et efficace pour les grands groupes et les entreprises. (C’est le modèle que nous préconisons pour les télécom avec une filiale réseau télécom unique qui regroupe la production et l’exploitation des réseaux notamment pour la 5G aux coûts énormes : un seul réseau plusieurs opérateurs). Appliqué aux services publics, ce modèle se révèle être l’une des plus grandes escroqueries du monde moderne dénoncé par l’essentiel des prix Nobel d’économie récents.

Personne ne vous annoncera que la STEG va être privatisée, ni la SONEDE, ni la SNCFT, l’oligarchie va nous imposer des changements de « business model » sous couvert de libéralisme par une stratégie dite de « petits pas ». On commence par privatiser les services pour le voisin, le quartier, le village puis on signe des accords internationaux pour la nation.

Le principe S&D est le suivant : vous avez une entreprise qui a une usine fabriquant des meubles pour les particuliers et des meubles pour les professionnels. Les meubles sont vendus grâce à deux entités commerciales séparées. Le modèle S&D considère qu’il y a 3 entreprises internes qui se facturent leurs services (je ne compte pas la direction générale pour simplifier). Ainsi le service qui ne vend que des meubles pour les particuliers ne paye que pour le cout réel de production de ses produits pour les particuliers, idem pour l’entité commerciale pour les meubles professionnels. Ici le modèle isole donc les couts réels de production par produit.  Cela permet de détailler la rentabilité.

Soyons concrets pour la STEG :   Il y a d’un côté des producteurs d’électricité, puis la partie transport électrique incluant les transformateurs, les convertisseurs etc. puis les consommateurs.  Ce qui coûte le plus cher et le plus compliqué à maintenir est le transport sur des milliers de Km.

Le modèle en cours de mise en œuvre en Tunisie selon le mode S&D est le suivant : les producteurs vont pouvoir vendre directement l’électricité aux consommateurs. Celle-ci sera transportée par le réseau de la STEG. Les producteurs paieront donc à la STEG le coût du transport.  Où est l’escroquerie me direz-vous ? 

Les prix sont actuellement calculés selon une vision globale nationale c’est-à-dire que le consommateur de Sfax, Sousse ou de Tunis paie plus que le cout réel du transport de sa consommation. Notre solidarité nationale issue de notre indépendance fait que nous acceptons tous de payer un prix plus élevé pour que chaque citoyen puisse avoir de l’électricité, c’est pareil pour l’eau, le gaz, ou les transports. (Cela s’appelle l’obligation de service public sur les prix)

Ceci a permis de connecter nos villages de montagne ou de nos régions les plus reculées à tous nos services publics et c’est grâce à cela que la Tunisie est un modèle pour tous les pays en voie de développement dans le monde.

Sauf que demain si nous ne réagissons pas et que nous appliquons le modèle « Supply and Demand »:

Les producteurs / vendeurs d’électricité n’investiront que dans les zones à forte rentabilité comme les grandes villes et les zones industrielles. Les zones les plus rentables seront accaparées

Les producteurs / vendeurs n’accepteront jamais de payer des coûts partagés au niveau national, ils ne voudront payer que pour des coûts réels du transport c’est-à-dire au Watt transporté par Km.(Comme actuellement en Europe)

Les zones les plus rentables ne participeront plus au financement national du réseau

Si nous acceptons ce modèle, les zones à faible rentabilité ne pourront plus être financées, il faudra soit effectuer des hausses massives du prix de l’électricité dans les régions soit que l’état paye la maintenance du réseau pour ces régions. La gestion de l’électricité nationale devient donc déficitaire à vie pour l’état et hyper rentable pour les multinationales privées étrangères.   

Le modèle S&D est décrit dans les accords de l’ALECA, allez directement à l’article 20 « CONCURRENCE ET AUTRES DISPOSITIONS ÉCONOMIQUES » cet article exceptionnel vous explique que TOUTES LES ENTREPRISES AYANT UNE ACTIVITE COMMERCIALE SERONT SOUMISES A LA CONCURRENCE TOTALE Y COMPRIS LES ENTREPRISES PUBLIQUES COMMERCIALES (c’est-à-dire celles qui vendent ou achètent quelques chose comme : le phosphate, l’électricité, les services de transport (SNCFT), l’eau, le gaz, le pétrole, le bois, les minerais (voir tableau des ressources de l’accord). De plus avec cet article, il nous sera alors interdit de fausser la « concurrence » en donnant des aides de l’état à ces entreprises publiques. C’est-à-dire que dès la signature, plus aucun plan de redressement de ces entreprises dites commerciales ne sera possible. C’est écrit noir sur blanc ! bien-sur le modèle est aussi dans les doc de la GIZ, l’AFD ou du FMI ! Les autres articles expliquent qu’il nous sera interdit de refuser l’accès à nos infrastructures de transport de l’énergie à une entreprise de l’UE, cela concerne donc le réseau de la STEG et nos pipelines.

Le bouquet final : la régulation des prix par une obligation de service public NE CONCERNE PAS LES MARCHéS EN GROS DE l’ELECTRICITÉ ET DU GAZ.

Seule une réaffirmation de nos valeurs permettra de résister

Tous les pays de l’union Européenne ont mis en place ou sont en train de basculer dans ce modèle. Avec Black Rock aux commandes : qui pense encore que ce modèle ne nous sera pas imposé ?  La nation idéale pour ces instances est décrite dans de nombreux ouvrages : l’état gère uniquement les services régaliens, prend en charge tous les coûts d’infrastructures pendant que tous les services rentables deviennent privatisés (Voir en France : la réforme de la retraite des cadres, la vente absurde de ADP, Alstom, les barrages électriques, les autoroutes, le fiasco sur l’électricité et le gaz)

En résumé les nations payent les coûts d’exploitions déficitaires à vie et les multinationales engrangent les bénéfices records sur la vente de services devenus hyper rentables. La ville de Paris est l’une des plus riches du monde, tous les services municipaux sont privatisés ou sont en cours de privatisation y compris les amendes de stationnement : résultat la mairie de Paris a 6 Milliards d’euros de dettes alors que les prestataires font des bénéfices records !

Pour finir avec la STEG : il est évident qu’il faut libéraliser notre économie ou l’énergie etnotre modèle en fait une priorité. Que tous ceux qui veulent produire le fassent et je propose un soutien massif de l’état, nous permettant d’atteindre d’ici 2030 l’autosuffisance énergétique. Toutefois, les producteurs vendent à la STEG qui gardera le monopole de la revente pour garantir la solidarité et la cohésion nationale. Nous libéralisons l’économie, nous soutenons l’investissement mais nous protégeons tous les secteurs stratégiques de la nation qui fonctionnent grâce la solidarité nationale.

Notre nation s’est construite sur des valeurs fortes de notre identité : la solidarité, la cohésion sociale, le partage, la famille, nos traditions, les petits commerces, les petits producteurs, les petits métiers.  Toutes ces particularités ont construit une nation résiliente qui a survécu à tout dans notre histoire même au COVID ou aux Islamistes. Nous sommes aujourd’hui face à des choix qui peuvent, en moins de 20 ans, détruire tous ces acquis. La Tunisie est à la croisée des chemins, nous sommes au centre d’une guerre entre l’humain et le bien commun d’un côté, la finance et la soumission aux puissants de l’autre.

Notre seul vrai défini stratégique est de construire un état capable de moderniser le pays tout en faisant barrière à ce monde néolibéral destructeur et à toutes ses dérives.

La situation critique d’aujourd’hui est l’une des meilleures opportunités pour enfin retrouver la voie de la sagesse, en oubliant l’approche financière néolibérale utilisée comme prétexte pour la sauvegarde des intérêts d’une oligarchie locale et internationale qui a depuis longtemps oublié les intérêts de la nation et de ses citoyens.

L’approche Intilaq 2050 propose un nouveau modèle de développement pour notre pays qui :

  • Replace l’énergie et l’exploitation des ressources comme moteur principal de notre croissance à la place des politiques monétaires, du crédit, de l’impôt de masse ou de la planche à billets, les seuls leviers utilisés depuis la révolution de 2011.
  • Fait barrière aux dérives du système néolibéral qui détruit les nations et s’accapare les richesses

« INTILAQ 2050 » pour une Tunisie souveraine, résiliente, conquérante, qui retrouve sa place de carrefour des civilisations en replaçant l’humain au centre de toutes ses préoccupations.

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