Avant de rentrer dans le détail de nos propositions pour libérer les énergies, la créativité, l’ambition et l’innovation, il est important de comprendre que notre approche vise à redéfinir en premier lieu le cadre général de notre “machine” socioéconomique Tunisie. Notre approche est nouvelle, innovante, disruptive et nous considérons que c’est la SEULE approche qui permettra de poser des bases solides pour construire la Tunisie de demain. Les mesurettes économiques n’ont AUCUNE chance d’aboutir sans une nouvelle définition cohérente et pérenne de notre architecture socioéconomique. AUCUNE !
Définition du système productif
Le système productif (à ne pas confondre avec la notion, voisine, de modèle productif) a trois définitions officielles :
- Ensemble des unités de production résidant sur un territoire économique national donné et caractérisé par certaines proportions entre, par exemple, PME et grandes entreprises, secteurs primaire, secondaire, tertiaire ; ou bien encore entre les entreprises sociétaires et individuelles, donneuses d’ordre et sous-traitantes.
- Ensemble des facteurs et des acteurs concourant à la production, à la circulation et à la consommation de richesses » (Laurent Carroué, 2013)
- Le mode d’organisation de la production en tant que mise en cohérence d’un mode d’organisation du travail et d’un système technique. Par exemple : le système productif proto-industriel, le système usinier (Factory system), le système de spécialisation souple.
Pour Intilaq 2050, nous avons une définition plus simple : Le système productif est l’écosystème socioéconomique national qui permet de produire des services et des biens de consommation
Voici un schéma du système productif issu de l’approche néoclassique (ou système néolibéral)

Le système productif néolibéral ou néoclassique
Cette approche toujours en vigueur en Tunisie sous-entend qu’il suffit d’injecter du capital (de l’argent) dans l’économie pour que la machine fonctionne et pour qu’elle produise des biens de consommation. Ce modèle explique à lui seul, les stratégies des différents gouvernements qui se succèdent depuis 2011 : on fait des crédits, et l’on prie pour que le chômage se réduise, l’activité se relance, les startups se créent etc…
En réalité cette équation qui date de plus de 200 ans est incomplète (même dans les livres d’économie que j’ai pu lire en Tunisie ou dans les manuels de formation professionnelle comme pour les banques). En effet l’équation originale est :
Le système productif = ( Capital + Travail), en considérant que les ressources sont infinies et disponibles à un coût négligeable.
C’était le cas il y a 200 ans à l’époque de la colonisation occidentale, avec une démographie faible, et pour des produits basiques ou de complexités de fabrication faibles. SAUF qu’aujourd’hui les ressources ne sont plus infinies et que leurs coûts ne sont plus vraiment négligeables L’EQUATION EST DEPASSEE (et donc fausse, n’en déplaise à certains économistes « Old school» qui nous ont attaqué sur les réseaux sociaux, sans proposer le moindre contre-argument, ils se reconnaitront)
Le nouveau système productif en Tunisie
Notre proposition est simple : L’approche néoclassique : « capital + travail = système productif » est remplacée par l’approche réaliste d’un système productif basé sur l’exploitation de nos ressources :

Conséquences de l’approche « Capital + Travail »
La politique économique libérale dite « monétariste » : L’économie est uniquement pilotée par le capital, le taux d’inflation, les prix (la consommation), les taux d’intérêts et le taux de change (voir TOUTES nos lois de finance depuis 30 ans). L’état fait des crédits, des impôts et des taxes de masse, de la « planche à billets », et manipule jours et nuits les taux d’intérêts (nous ne savons faire que ça, surtout depuis 2015). En plus des salaires publics, l’argent est distribué en silos à des ministres qui investissent sans coordination dans des projets unitaires déconnectés les uns des autres, sans analyse de la valeur globale et sans analyse de l’impact ou du coût réel de ces projets pour la société.
Exemple du gouvernement « Y. Chahed » : plusieurs dizaines de millions de dinars ont été investis dans la création à travers le pays de 11 superbes grandes zones industrielles aux normes internationales. La création de ces zones est terminée depuis plus de 3 ans et juste avant la crise de la COVID seulement 07% de la surface a trouvé preneur auprès d’entreprises. Le gouvernement a investi sans aucune analyse de la fonction de cet investissement. On pense qu’il suffit d’injecter de l’argent pour générer de l’activité miraculeuse. La politique de soutien à l’économie pendant la COVID est aussi un exemple terrible de cette démarche sans objectifs métier ou sociétal. On injecte de l’argent et l’on croise les doigts pour que cela marche !
L’approche par les ressources
Notre approche par les ressources se propose d’analyser la réalité de notre environnement, la valeur est créée par la stratégie GLOBALE d’exploitation de ses ressources, et cette valeur générée permet d’avoir un financement direct. Dans cette approche l’état se rémunère sur l’activité créée. L’analyse de la structure de l’inflation montre que nous pourrions la diviser par 3 et être à moins de 2% avec notre stratégie. Notre déficit extérieur est dû, à hauteur de 40%, à l’énergie alors que les énergies renouvelables ne dépassent pas 6 à 8% de nos besoins. Notre déficit énergétique est de 55 % et augmente de 10% chaque année, de plus nous importons massivement des denrées alimentaires. L’approche par les ressources est mathématique car l’argent est adossé à un projet tangible contrairement aux approches dites « néoclassiques » ou l’argent créé est adossé à une reconnaissance de dette de l’état qui, au final, n’est à destination et au profit que d’un nombre limité d’entreprises et de la classe aisée des citoyens.
Notre approche est bien différente car elle se propose de définir des objectifs de société qui cadrent et orientent la nature des projets. On ne peut plus faire n’importe quoi. Exemple avec le domaine du « tourisme de santé et bien-être » :
Dans le cadre de la transformation de notre secteur touristique : Mettre en place un tourisme de « santé et bien-être » éco-responsable et éthique permettant de financer en partie les systèmes de santé publique, de promouvoir une image d’excellence à travers le monde et de développer des domaines de compétences de haut niveau pour la recherche médicale, l’enseignement, pour nos start-ups et nos PME/PMI. Ceci permet de développer une industrie locale de pointe tant sur les matériels que sur les produits et services et participe à la re-migration de nos populations vers nos régions.
Cette stratégie concernant le tourisme de « santé et bien-être » s’inscrira dans une vision globale de développement régional permettant de définir et d’intégrer l’ensemble des ressources et des infrastructures nécessaires à la réalisation des objectifs de performance à la fois du domaine mais aussi de la région concernée. (Aéroports, autoroutes, trains, hôtels, parcs, forêts, lacs etc.). Nous adressons ici le PIB de la région concernée et non le chiffre d’affaires de la clinique privée X ou de l’hôtel Y.
La rentabilité n’est plus financière, elle est sociétale et définie par la valeur ajoutée d’ensemble sur le bien commun. La problématique n’est pas de construire 100 cliniques de tourisme de santé éparpillées au hasard des investisseurs mais de définir des stratégies cohérentes d’ensemble permettant de construire des écosystèmes socio-économiques qui donnent du sens en s’appuyant sur nos forces : nos régions, notre géographie, nos écosystèmes naturels, nos compétences, nos industries, nos services, notre administration. C’est ce que nous nommons L’ECONOMIE DE LA FONCTIONNALITE.
Pour le tourisme de « santé et bien-être », il s’agira de choisir les meilleurs territoires, de créer de véritables villages de « santé et bien-être » disposant de toutes les infrastructures modernes et écoresponsables (cliniques, centres techniques d’analyses, installations bien-être et sportives, écoles et universités, centres de recherche, centres de conférences , incubateurs de start-up, services à la personne, équipements de loisirs, sports, cultures etc…), impliquant toutes les strates de la population et des entreprises locales et permettant de proposer les meilleurs services intégrés, et donc les plus rentables ! c’est bien-sûr plus compliqué que de donner un crédit sous la table pour construire une clinique en plein centre-ville pollué et surchargé de Tunis ou de Sfax !
Cette approche a pour principal avantage de prendre en compte les grandes préoccupations du monde d’aujourd’hui comme la valeur écologique, la protection des espèces, la lutte contre l’immigration ou le terrorisme. Il devient plus facile de générer de grands programmes d’investissement cohérent par cette approche du trio « Ressources/Cadre d’exploitation/Valeur ajoutée sur le bien commun ».
La principale ressource est ici une ressource majeure dite « ressource en territoire » : les régions éligibles choisies par un état stratège (les critères d’éligibilité pourront par exemple être : les atouts naturels, la température moyenne, l’historique culturel, archéologique, les indices de développement etc.).
Le cadre d’exploitation est ici le « Tourisme de Santé et Bien-être ». Les différentes régions concernées pourront avoir une spécialisation en fonction de leurs particularités. Ce qui permettra d’avoir des villages « santé et bien-être » de plusieurs types : généralistes ou spécialisés sur le traitement de pathologies : Maladie Psy, autisme, cancer, maladies cardiovasculaires, chirurgie et rééducation, esthétique et réparation, santé pour les enfants, villages pour personnes âgées dépendantes, retraités, rééducation sportive etc…
Il s’agira d’être réaliste et de ne lister que les domaines ayant du sens au regard de nos capacités : on choisit les domaines où nous pouvons faire la différence et on oublie le reste ! Mieux vaut n’avoir que 10 domaines de santé où nous pouvons développer une renommée d’excellence internationale que de faire n’importe quoi en proposant les prestations médiocres dans tous les domaines comme actuellement
La valeur ajoutée : la sédentarisation des populations, la mise en valeur du territoire par la protection et la préservation de la faune et de la flore, le développement des compétences, des entreprises, le pouvoir d’achat moyen de la région, les activités indirectes comme le développement des services publiques, les start-up santé ou les centres de formation etc…
En résumé pour cette nouvelle équation
Notre approche propose un « country business model » Tunisie, structuré par un état-stratège qui fait le choix de mettre ses forces uniquement sur les domaines ayant du sens pour le pays. On construit une vision d’ensemble qui donne du sens à notre pays.
Ces choix stratégiques de développement orientent toute la nation en alignant chaque secteur sur les mêmes objectifs stratégiques de développement : enseignement, recherche, profil industriel, nature des services, agriculture, sécurité, infrastructures, structures et instances de l’état.
La vision devient horizontale et partagée à l’opposé de la vision en silos d’aujourd’hui. On ne construit plus une administration ni des infrastructures pour se faire plaisir mais pour porter un développement structuré au service du citoyen et de l’expérience citoyenne. Le business modèle de notre pays devient donc réaliste, compréhensible car uniquement orienté par l’analyse de nos ressources (et de leur réalité) et du sens que l’on veut donner à leur utilisation
Cette approche stratégique oblige ainsi à définir :
- La cartographie, la description et l’évaluation de nos ressources
- Le cadre d’exploitation de chacune de nos ressources.
- L’évaluation de la trajectoire de nos ressources en fonction du cadre d’exploitation à l’horizon 2030, 2040, 2050 (à immigration constante nous n’avons déjà plus assez d’ingénieurs, 30% de baisse de nos capacités hydriques en prévision pour 2030, baisse des réserves du phosphate, montée des eaux, etc.)
L’énergie condition d’évolution du PIB et moteur du système productif
Le PIB (le produit intérieur brut) permet de mesurer l’activité socioéconomique réalisé à l’intérieur du pays par le système productif. Il est donc majeur de comprendre comment fonctionne celui-ci !
Quel est le seul et unique indicateur qui influence en amont le PIB ? Question clé que personne ne se pose réellement ! (Je n’ai trouvé aucun article qui parle de ce sujet depuis 3 ans, hormis nos publications)
L’analyse de 2000 ans d’évolutions économiques du monde par différents laboratoires de recherches économiques (exemple EPFL en suisse), démontre qu’il n’y a qu’un seul et unique paramètre qui influence l’évolution du PIB : La disponibilité de l’énergie à un prix abordable, soit le taux de disponibilité de la TEP (Tonne-Equivalent-Pétrole) qui permet de modéliser toutes les énergies sur un seul indicateur : gaz, nucléaire, solaire etc…
Les empires antiques se sont construits grâce aux esclaves énergétiques humains (pas de panique, c’est un terme économique reconnu, le travail d’un homme égal 100 W par jour). Le PIB des Romains est directement lié aux nombres de travailleurs disponibles (leur armée et leurs esclaves), même corrélation pour l’empire arabo-musulman et surtout même corrélation pour le PIB des secteurs non automatisés en Tunisie.Prenez des régions où l’agriculture est entièrement manuelle, vous aurez la corrélation entre le chiffre d’affaires de ce secteur et le nombre de personnes fournissant l’énergie manuellement ! (Soit 100 watts par jour par personne). Impossible de rivaliser avec des pays ou des machines fournissent plusieurs centaines de milliers de watts en étant piloté par une seule personne ! Vous voyez où nous voulons en venir !
Les taux de disponibilité du charbon, du pétrole, du nucléaire, pays par pays expliquent les évolutions du PIB de chaque grande nation depuis le 19ème siècle.
Le PIB de la France a explosé avec l’arrivée du nucléaire, les USA avec les découvertes du pétrole, le Qatar avec le gaz etc…
Les travaux du chercheur Jean Marc Jancovici démontrent, à partir de 50 graphiques pour 50 pays sur 200 ans que lorsque le taux de disponibilité d’une énergie abordable augmente le PIB augmente, lorsque le taux de disponibilité d’une énergie abordable baisse le PIB baisse en corrélation parfaite.
MÊME LE PIB MONDIAL SUIT CETTE RÈGLE :

Le nombre de machines, l’élément qui fait la différence !
En réalité il y a un deuxième paramètre qui précède l’évolution du PIB, ce paramètre explique à quoi sert la disponibilité de l’énergie : A faire fonctionner des machines, ainsi toutes machines confondues (du téléphone au tracteur en passant par les machines-outils) les courbes sont parfaites (nous les publierons sur notre site) Lorsque le PIB augmente cela veut donc dire que, juste avant, le nombre de machine a augmenté et que juste avant, la disponibilité d’une énergie abordable a augmenté aussi. !
Le cycle est donc : 1) une forte disponibilité de l’énergie à un coût abordable, 2) l’investissement dans l’automatisation, la robotisation, la digitalisation de l’économie selon des flux précis que nous détaillerons plus tard, 3) En conséquence seulement le PIB augmente
Cela ne marche pas partout !
Le Nigéria, le Venezuela, et de nombreux autres pays, ne sont pas devenus des grandes nations économiques comme en occident, bien qu’ils disposent d’une énergie à faible coût ! Effectivement, cela ne suffit pas. C’est une condition « sine qua non ».Pour expliquer cela, nous donnons là aussi, une nouvelle définition au PIB
LE PIB n’est pas un STOCK (comme le sous-entend toutes nos lois de finance), c’est un flux de transformation constante.
Notre définition du PIB dans Intilaq 2050 : le PIB est l’unité qui permet de quantifier le flux de transformation thermodynamique continu de notre nation (flux de transformation par l’agriculture, flux de transformation par l’industrie, le tourisme etc.)
Si vous disposez d’énergie sans investir dans une architecture économique qui canalise ces flux de transformation vous ne vous développez pas. Vous l’avez compris avec notre nouvelle définition du système productif, la matière première de ces flux de transformation sont NOS RESSOURCES :
- Les ressources naturelles :
- Les ressources en vents
- Les ressources en ciel (si vous avez un peu d’argent mettez un télescope dans notre Sahara, connectez-le à internet, vous pourrez louer la connexion 10 000 Euros par mois par utilisateur, soit 1 millions d’euros pour 100 connexions pour un seul télescope bien placé)
- Les ressources minières
- Les ressources en eaux
- Ressources en terre (parcs nationaux, forêt, désert, etc.)
- Ressources en faune et flore (2000 plantes exceptionnelles sur notre territoire dont 80% non exploitées)
- Ressources en mer (préservation et valorisation des écosystèmes marins, sous-marin et du littoral) : Les écosystèmes de Gabes étaient UNIQUE AU MONDE, nous les avons détruits
- Les ressources de civilisation :
- Ressources historiques (nous disposons de la plus grande collection d’art islamique du MONDE soit 120 000 pièces exceptionnelles qui dorment dans des entrepôts pendant que le Louvre fait 10 Millions de visiteurs physiques par an et a dépassé les 6 millions de visiteurs virtuels pendant la crise de la COVID, nous dormons les yeux ouverts)
- Ressources culturelles
- Ressources patrimoines et traditions
- Ressources cultuelles
- Ressources en savoir : quels sont nos savoirs spécifiques permettant de créer de la valeur (exemple avec les labels ou les procédés comme l’agriculture sur le sable)
- Les ressources produites :
- Les ressources énergétiques
- Les ressources agricoles
- Les ressources touristiques
- Les ressources industrielles
- Ressources en territoire avec la création de 6 grandes régions interconnectées et ayant leurs propres plans de développement et permettant une décentralisation performante vers les gouvernorats
- Les ressources en régions, villes et villages
- Ressources géographiques (comment profiter de notre position géographique pour créer de la valeur ?) : Maghreb, Afrique, Carrefour de civilisation, hub financier, hub digital etc…
- Ressources géopolitiques (comment nos relations internationales peuvent nous créer de la valeur ?)
- Ressources juridiques (comment nos lois et nos accords internationaux peuvent créer de la valeur : exemple la Russie ne peut exporter de l’acier en Europe. Or, nos accords internationaux nous permettent d’importer de l’acier russe en Tunisie, de le découper et de l’exporter en Europe, pareil pour la finance et des dizaines de secteurs) ou encore nos accords avec l’Angleterre et le Brexit qui nous ouvre des portes énormes
- Ressources humaines (services)
C’est donc la valorisation de cette vision stratégique d’ensemble qui permet de générer les financements nécessaires et non pas le contraire !
Ainsi, toute l’approche socioéconomique d’Intilaq 2050 se résume à vous proposer une structure d’orientation de ces flux à partir d’une énergie disponible et à un coût abordable. Pour cela nous avons conçu notre propre démarche : Le MODELE « K6 » qui sera décrit dans les chapitres suivants !