Les trois grandes problématiques de notre système politique

Avant de rentrer dans le détail de nos propositions, il est important de comprendre la nature du système « politico économique » en place en Tunisie

D’un point de vue macroscopique on peut résumer la situation actuelle autour de trois problématiques clés :

A – COMPETENCE : Une organisation politique qui empêche l’émergence dans le débat de compétences patriotes capable de remettre en cause le système actuel défaillant. La scène politique est depuis la révolution un huis-clos animé par les mêmes clans, les mêmes cercles. La pseudo démocratie en place est un jeu de chaises musicales dont les chefs d’orchestres opèrent en partie de l’étranger en s’associant à des mafias ou des cartels du pays mais aussi à des organisations officielles dites « partenaires ». La Tunisie est rentrée dans une nouvelle ère depuis la révolution : le pouvoir de la dictature n’a pas disparu il a été récupéré, transformé et accentué par une oligarchie locale qui a réussi à mettre à son service tout l’appareil d’état ainsi que l’appareil politique pour protéger et renforcer ses intérêts. Lors de nos interviews d’études, un ancien chef de gouvernement nous a dit : il ne se passera rien tant que l’on n’aura pas neutralisé environ 1500 cadres de l’administration qui sont corrompus et/ou totalement incompétents et mis en prison environ 2500 personnes de plus de la société civile. Ce chiffre finalement faible et gérable, souligne et renforce la frustration et le désespoir qui envahit les 99,99% de gens admirables qui, travaillent et se sacrifient pour notre pays, dans les pires conditions tant dans le public que dans le privé.

B – VISION : L’essentiel des débats étant orientés sur des sujets de politique politicienne, personne n’a été en mesure depuis 2011 de proposer une vision chiffrée, dessinant l’avenir de la nation, accompagné d’un programme de mesures permettant sa mise en œuvre. En réalité cette absence de vision s’explique parfaitement : le modèle en place est hors temps et hors sol, il n’a pas besoin de vision : économie informelle gérée par des mafias, économie de rente et de monopole qui figent les secteurs les plus rentables, économie offshore inégalitaire et destructrice des équilibres de la nation, une économie rurale totalement déficitaire basée sur des prix irréalistes fixés au plus bas par l’état accompagnée de l’exploitation organisée des plus pauvres dont les femmes, économie industrielle et de service semi libérale de bas coût et à basse rémunération, esclavagisme silencieux d’une partie des citoyens les plus démunis notamment les « bonnes » ou les « barbecha ». Le problème n’est finalement pas l’absence de vision, la réalité est encore plus dure :  aucun pays ne peut survivre en ayant sur le même territoire autant de modèles économiques, aussi différents les uns que les autres, qui s’autodétruisent les uns les autres. Nous sommes face à un suicide collectif avancé.

C – METHODE : Au-delà de l’absence de vision, aucun gouvernement, ni aucun parti n’a été en mesure de proposer une démarche de transformation de notre pays tant pour l’administration, les entreprises publiques, l’économie, ou les services régaliens. Chaque ministre qui arrive improvise et impose ses propres méthodes sans concertation ni vision d’ensemble sur un véritable processus de transformation structurée, incluant le dialogue national, l’intelligence collective, l’amélioration continue et la démocratie participative. Le pays subit des décisions dictatoriales d’une administration centrale à la fois aux ordres et dépassée par les enjeux du pays et les attentes des populations.

Ceci étant dit : Notre principale conviction est qu’il est IMPOSSIBLE de réussir un programme de transformation en étant « CONTRE ». C’est toujours le meilleur moyen de donner des arguments à vos ennemis pour les allier contre vous ! Notre Méta-Stratégie est donc toujours de décrire des visions « POUR », permettant à chacun d’imaginer sa trajectoire à travers les chemins des possibles.

L’objectif de notre programme de transformation est donc de fédérer autour d’une « construction » plutôt qu’une « destruction ».

Exemple : on ne me bat pas « contre » une administration corrompue mais « pour » une administration éthique et juste qui reconnait la valeur de chacun, tant par les salaires que par la reconnaissance des mérites de chacun. A chacun de se positionner par la suite !

Nos études ne s’attachent pas à décrire la profondeur du système existant et sa noirceur (nous laissons cela aux pessimistes) mais plutôt, à vous dessiner un avenir possible, et de proposer les outils et la démarche pour construire ensemble le futur. Ce futur qui devra, par sa nature, effacer de lui-même les défaillances qui constituent l’ADN du modèle actuellement mis en place.

A partir de ce constat les actions de notre fondation Intilaq 2050 sont alignées sur ces 3 axes :

  1. Mettre en place une organisation pour identifier et former les leaders de demain
  2. Proposer un plan de transformation qui ne vise pas à faire évoluer ou corriger le système d’aujourd’hui MAIS A LE REMPLACER.
  3. Proposer une démarche cohérente et global de gouvernance pour piloter et coordonner la mise en œuvre du plan de transformation

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