L’approche INTILAQ 2050 s’appuie sur les travaux de Dimitry Orlov, qui étudie l’effondrement des nations en tant que système (par exemple, le système colonial ou le système Ben Ali). Elle s’appuie également sur notre propre modélisation socioéconomique par la théorie des systèmes thermodynamiques complexes, qui formalise de manière innovante et unique le lien entre la connaissance, l’énergie disponible et son coût, le nombre de machines disponibles, les ressources et le PIB (qui prend avec INTILAQ 2050 une nouvelle dimension). Un écosystème thermodynamique qui s’effondre est un système qui ne permet plus d’assurer les conditions de sa survie. C’est le cas du système socioéconomique actuel en Tunisie, que l’on peut qualifier de manière restrictive post révolution , mais qui date en réalité de plus de 30 ans.
Ce système ne permet plus de financer l’économie, la maintenance élémentaire de nos infrastructures, la transformation aux standards internationaux de l’administration, de l’éducation et de la santé, ou de fournir des prestations sociales décentes pour tous. Aujourd’hui, et en particulier depuis 2004, la Tunisie vit à crédit et sous assistance respiratoire internationale dans tous les domaines y compris sur des sujets de souveraineté et de sécurité nationale.
D’après le chercheur Dmitry Orlov, l’effondrement d’une nation se manifeste en cinq phases distinctes, chacune caractérisant une descente progressive vers la déstabilisation complète de la structure sociétale :
L’effondrement financier : Au-delà des difficultés bancaires, cette phase marque une rupture dans la confiance envers les institutions financières. L’accès au capital est restreint, anéantissant les économies et les investissements. Le pays se retrouve entravé par un endettement abyssal, souvent tenté par des mesures inflationnistes par l’impression démesurée de monnaie, érodant ainsi la valeur de la devise nationale et la confiance des investisseurs.
L’effondrement commercial : Cet effondrement se caractérise par des perturbations majeures dans les chaînes d’approvisionnement et la logistique, entravant le commerce intérieur et international. La dévaluation de la monnaie engendre une inflation galopante, sapant le pouvoir d’achat et exacerbant les pratiques de contrebande et la corruption, en réponse à des besoins de base de plus en plus inaccessibles.
L’effondrement politique : La légitimité du gouvernement s’érode lorsqu’il ne peut plus répondre aux besoins fondamentaux ni maintenir l’ordre. Le vide de pouvoir est comblé par des entités non-étatiques : cartels, mafias, extrémistes ou factions tribales, créant ainsi un paysage de gouvernance fragmenté, où les alliances sont volatiles. Le pouvoir devient soumis à l’ingérence local et étrangère sans aucune limite.
L’effondrement social : L’échec de l’État à fournir sécurité et services sociaux conduit à la dissolution des réseaux de solidarité communautaire. Dans le creuset de la pauvreté et de l’exclusion, de nouveaux modèles de soutien mutuel peuvent émerger, mais sont souvent précaires et insuffisants pour pallier l’ampleur des besoins, laissant la société à la merci de la maladie et de la précarité.
L’effondrement culturel : Sur les ruines des institutions, la crise se propage à la sphère des valeurs et des normes sociales. La bienveillance, l’honnêteté, et la charité reculent face à une lutte pour la survie devenue omniprésente. L’identité culturelle se fragmente, les conflits entre groupes deviennent endémiques et la criminalité, les émeutes, le terrorisme se généralisent, érodant le tissu même de la cohésion nationale et humaine.
Ces phases ne sont pas strictement linéaires et peuvent se produire en parallèle ou s’exacerber mutuellement, rendant la prédiction et la prévention des étapes subséquentes d’autant plus complexe. La vision de Orlov est un appel à une vigilance proactive pour renforcer les structures avant que les signes précurseurs ne se manifestent pleinement.
Le système politico-socio-économique tunisien montre actuellement tous les signes d’un effondrement progressif en cours. La situation actuelle est chaotique, marquée par une perte de confiance envers l’état et un désespoir croissant, qui indique que nous avons dépassé le point de non-retour, que nous situons à 2015.
La question cruciale qui se pose désormais est la suivante : quel nouveau système pour remplacer le système actuel totalement défaillant ? toute l’action de notre fondation vise à répondre à cet question clés.
Un peuple résilient pour qui nous devons nous investir afin de tracer un chemin vers un avenir serein et décent
Face à cet effondrement de l’état nation et face à cette absence organisée de vision ou de stratégie concrète, notre peuple lui affiche évidement une résilience héroïque, comme pendant la crise sanitaire. Oui, nous, citoyens, nous souffrons, nous résistons, nous nous adaptons, mais nous ne nous effondrons pas. Nous portons seul et à bout de bras, avec honneur et fierté, notre nation en sachant que lorsque le jour viendra, nous serons prêts à nous mobiliser, à nous battre et à nous surpasser tous ensemble, loin de nos différences, pour reconstruire dans la paix et avec espoir une nation qui a du sens afin d’offrir enfin un avenir serein et décent à nos enfants.
Ainsi, pour que les choses soient claires, notre plan de transformation INTILAQ 2050 n’a pas pour objectif d’assurer la survie du système actuel, qui est à l’origine de tous nos maux, mais de définir les mesures cruciales permettant la création d’un nouveau modèle viable.