Au cœur de la souveraineté, la pleine maîtrise de la langue est essentielle pour fédérer un peuple, une nation sur une vision commune de son roman national, de son identité et de son avenir. Notre Tunisie, héritière d’une histoire riche et complexe, fait face à une diversité linguistique qui nécessite une attention particulière. Alors que le maltais, issu du dialecte tunisien, a acquis une reconnaissance internationale, la Tunisie elle-même est toujours en quête d’une langue principale capable d’embrasser tous les domaines de la vie commune dans la cité tel que la connaissance, les savoirs, la communication, les pratiques et les modes de vie.
Force est de constater que nous observons tous, et malgré nous, une érosion linguistique préoccupante pour notre avenir commun. Une majorité de Tunisiens ne maîtrise pas l’arabe littéraire, le dialecte tunisien n’est pas reconnu comme une langue à part entière et ne traite pas les sujets techniques, scientifiques ou complexes, l’usage du français diminue, tandis que l’anglais gagne en popularité, notamment chez les jeunes. Cette situation a des répercussions tangibles : publicités, émissions, discussions officielles et informelles fusionnent arabe littéraire, dialecte tunisien, français et anglais dans un mélange incohérent et informel qui devient incompréhensible et qui génère de nouvelles formes d’exclusion notamment chez les plus fragiles.
L’absence d’une langue principale forte embrassant toutes nos sémantiques a évidemment un impact direct sur la construction et l’évolution dans le temps de nos structures cognitives, impactant ainsi la génération d’idées, nos projections mentales comme l’imaginaire ou l’anticipation, et de manière générale impact la compréhension que nous avons du monde qui nous entoure. Par exemple, les études sur le cerveau des enfants démontrent clairement que lorsqu’un enfant ou un jeune adulte est confronté à des frustrations, il peut soit avoir les mots pour exprimer et comprendre cette frustration, soit celle-ci se traduira par de la violence, de l’hyperviolence ou de l’autodestruction (suicide, automutilation, drogue, alcool) Aujourd’hui de plus en plus de pays arabes refusent de participer à des conférences en Tunisie lorsque celles-ci sont annoncées comme étant en « arabe », avec l’exemple de plusieurs délégations du Moyen-Orient ayant quitté des conférences scientifiques considérant ne rien comprendre aux conférenciers tunisiens, tant pour l’usage abusif du français, de l’anglais approximatif que pour l’usage du dialecte tunisien.
Face à cette réalité, nous proposons un nouveau modèle linguistique à la fois audacieux et ambitieux : reconnaître le tunisien comme notre langue nationale et établir une Académie de la Langue Tunisienne. Cette institution aura la charge de codifier le tunisien en une langue officielle, en s’appuyant sur l’arabe classique pour enrichir son lexique, sa grammaire et sa sémantique. L’académie sera également chargée de créer de nouveaux termes, reflétant les avancées du monde moderne et intégrant les pratiques linguistiques courantes.
Dans la perspective d’un « Grand Maghreb Élargi », cette académie œuvrera à harmoniser les pratiques linguistiques des États membres et à promouvoir une langue maghrébine commune d’ici 2050 pour la jeunesse, et pour tous d’ici 2100. Nous aspirons à ce que cette langue « Néo-Arabe » soit reconnue et adoptée à travers le monde arabo-musulman, positionnant ainsi notre région comme un pôle d’influence culturelle majeur. Nos stratégies ambitieuses concernant les médias, les arts, le cinéma, l’éducation, les sciences et la culture en général seront nos principaux leviers d’influence positive.
L’administration tunisienne adoptera le français en tant que langue secondaire pour les affaires administratives, l’éducation, le numérique et les services aux citoyens, assurant une inclusion plus large comme pour les Tunisiens résidants à l’étranger, les entreprises étrangères situées en Tunisie ou travaillant avec la Tunisie, les expatriés et les touristes, les ambassades ou pour toutes personnes et organisations s’intéressant à notre pays. Cette stratégie vise à tirer parti des technologies analytiques et génératives, comme l’intelligence artificielle, qui se nourrissent des données disponibles en ligne. La réévaluation de la place de l’anglais dans notre système administratif et éducatif sera entreprise en 2040, avec l’idée d’une transition possible d’ici 2050.
Notre stratégie linguistique est donc un engagement envers une Tunisie souveraine et unifiée, reflétant notre héritage tout en s’adaptant à notre réalité et aux enjeux du futur qui sont face à nous.